Frédéric Albou Basse / Bass-baritone
Eine Strasse muss ich gehen, die noch keiner ging zurück
En tant que chanteur, acteur, musicien, mon devoir est de mettre à plat tous les aspects de l’oeuvre, en restant libre vis-à-vis des enregistrements… comme si la partition était lue pour la première fois. Mon devoir est d’aller jusqu’à réinventer la lecture de la partition, et même, réinventer ce qu’est le travail d’une partition, à chaque fois… et d’aller toujours plus loin. Il reste toujours une zone de sens, un ensemble de signes, qu’on a laissés de côté, qui ont été oubliés, et que l’on peut explorer, interroger, éprouver. C’est notre devoir, de faire en sorte que CHAQUE LECTURE SOIT UNE EXPÉRIENCE RADICALEMENT NOUVELLE! C’est ce que les oeuvres attendent de nous, de nos parcours individuels, de nos savoir faire… Une lecture conformiste, uniformisée, c’est de l’artisanat, au sens le plus réducteur du terme. Même si je me trompe, j’aspire à ce que chacune de mes lectures, de mes performances, soit risquée, radicale, neuve, unique!
Très tôt attiré par le chant, Frédéric Albou a développé une passion pour pratiquement tous les répertoires vocaux, en même temps qu’une connaissance avide de leur histoire, et de l’histoire de leur interprétation. En résonance avec sa passion pour la poésie, et pour le théâtre, cette passion s’est incarnée dans un parcours professionnel passant par la musique grecque antique (ensemble Kérylos, direction: Annie Bélis), la musique médiévale (projet en développement sur les premiers troubadours, programmes avec le Remède de Fortune), les polyphonies Renaissance (Huelgas Ensemble, direction: Paul Van Nevel, Ensemble Vt Mvsica Poesis), la musique baroque (le Concert Spirituel, direction: Hervé Niquet, Baroques Graffiti), le bel canto, l’opéra romantique, le Lied, les répertoires modernes, comprenant notamment la musique russe, ou encore la musique contemporaine (avec le Balcon, Soli Tutti, et en collaboration avec Jean-Christophe Rosaz, Christophe Belletante, Frank Hartmann).
Apprécié pour l’intensité de ses interprétations, pour sa voix longue, capable des redoutables vocalises de Haendel et de Rossini, comme des accents de Wagner, disposant d’aigus de baryton, comme de graves de basse profonde, il déploie une émouvante couleur de véritable « basse chantante ». Son attention aux textes, son engagement d’interprète, sa détermination à lire chaque partition, en interrogeant l’écriture, et en remettant à plat toutes les conventions, en font une figure rare, dont les lectures se reconnaissent immédiatement, pour leur impact émotionnel, et leur grande originalité musicale.